Après plusieurs phases d’espoir et de déconfinement, beaucoup de personnes témoignent au cabinet de lassitude sans certitude que cela prendra fin.
Certains psychologues font un parallèle entre la situation actuelle et celle des rescapés dérivant sur les flots et attendant désespérément un secours sans rien apercevoir à l'horizon. Au travers de témoignages, désormais célèbres, nous pouvons découvrir leur vécu mais surtout les stratégies psychologiques qui leur ont permis de survivre.
Après un premier moment de désespoir, de découragement et d’anxiété, les rescapés, pour vivre, se doivent de se ressaisir en restaurant le sentiment de contrôle grâce à diverses stratégies que je vous explique ci-dessous.
"RESIGNATION POSITIVE"
Selon les rescapés, la principale stratégie est la « résignation positive ». Ce terme désigne le fait d’accepter la situation et de s’adapter.
Accepter la situation génère moins de stress, moins d’émotions négatives, moins de conflits et augmente les capacités de travail. Sophie Pétronin, ex-otage au Mali pendant quatre ans, explique : « Si vous êtes dans l'acceptation de ce qui vous arrive, ça va pas trop mal se passer. Si vous résistez, vous vous cognez. » En effet, plus nous nous opposons ou nous renions la situation actuelle, plus elle nous est brutale, traumatisante et décourageante.
S’adapter à la situation signifie apprendre à vivre différemment et réorganiser sa vie quotidienne au lieu de rester fixer sur l’attente de retrouver notre existence d’avant. Sachez que restez optimiste, se dire par exemple que la situation va s’améliorer, est également très aidant.
REFUS DE L'INACTIVITÉ
La passivité peut accentuer la monotonie de la vie, notamment sur un radeau. Selon les rescapés, elle a amené certains au découragement conduisant alors à un laisser-aller et parfois à la mort.
Pour cela, l’activité amène un sentiment de contrôle sur les événements. D’ailleurs, l’engagement dans une série d’activités et la confiance en sa capacité à contrôler les évènements font parti des trois principes pour lutter contre le stress, selon Suzanne Kobasa, psychologue et professeur de psychologie. Le troisième principe est la façon positive de percevoir le changement : voir les choses comme un défi, comme un moyen de progresser et non comme une menace.
SEGMENTATION DU TEMPS
Ritualiser ses journées permet de créer un sentiment de reprise du contrôle. Mettre en place des routines, faire attention au changement de lumière, de temps et de paysage rythment les journées en créant une perception segmentée du temps et non pas unique.
MOBILISATION DE L'IMAGINAIRE
Les rescapés ont témoigné avoir utilisé énormément leur imaginaire et leur espace intérieur pour gérer leurs émotions, s’évader et entretenir l’espoir. Il est possible de penser à ses proches, à des souvenirs ou de se projeter dans des projets même utopiques : voyages, projets de vie, construction d’une maison ou simplement un restaurant en terrasse avec des amis. Penser au futur est une façon de garder l’espoir et de se projeter dans l'avenir.
SI VOUS VIVEZ EN FAMILLE OU À PLUSIEURS
Certains rescapés étaient plusieurs ou en famille sur leur embarcation de fortune. Un individu prenait généralement le rôle de modèle et était responsable de la cohésion du groupe même si cela nécessite souvent l’implication de chacun.
Pour mieux vivre cette période délicate, imitons-les donc et tentons de voir dans cette situation un défi. Nul besoin d’avoir été marin pour s’adapter, ritualiser et segmenter le temps, mobiliser son imaginaire et utiliser l’humour.
Depuis cette découverte, j’ai modifié mon quotidien et vois cette période comme un test avec une fin en profitant du moment présent et de ce qui m’est offert de vivre.