La question du couple m'intéresse depuis quelques années. Au cours de mon parcours, je me suis souvent posé la question de savoir pourquoi deux êtres humains sont attirés l'un par l'autre au point de partager leur vie, vouloir fonder une famille et vieillir ensemble.
Les réponses ordinaires se résument souvent à une simple question hormonale.
Et si nous considérions ce champs comme beaucoup plus vaste ? Dans cette exploration du couple, j'ai fait l'incroyable rencontre de Florentine d'Aulnois-Wang, thérapeute de couple et fondatrice de L'Espace du couple.
Pour cet article, je me suis appuyé sur son très beau livre : "Les clés de l'intelligence amoureuse" et sur la thérapie relationnelle Imago.
L’IMPORTANCE DE L'IMAGO
Chacun d'entre nous présente certains des traits de caractères des personnes qui ont pris soin de nous dans l’enfance, qui nous ont élevé(e) et qui ont compté dans notre éducation : parents, grands-parents, frères, soeurs, professeurs,... Ces traits peuvent être positifs comme négatifs. Notre inconscient en a créé un pochoir que l'on nomme Imago.
Quand nous rencontrons notre partenaire, il complète notre pochoir et nous le sien.
Ainsi, nous avons l’impression de connaître l’autre depuis toujours et d'avoir trouver la personne qui pourra répondre à tous nos besoins. C'est également la raison pour laquelle il/elle peut être source de notre plus grand bonheur comme de notre pire cauchemar. En effet, il/elle peut aussi nous faire revivre les blessures du passé car notre partenaire présente des traits de notre imago mais également parce qu'il présente les qualités que nous avons congelées au fils du temps.
UNE HISTOIRE DE CONGÉLATEUR
Lorsque nous sommes dans le ventre de notre mère, nous n'éprouvons aucun manque : nous échangeons avec elle des fluides répondant immédiatement à tous nos besoins. Dès notre naissance, nous ne ressentons plus ce bien-être parfait et cette entièreté originelle. Nous en gardons un souvenir provoquant en nous le sentiment de manque.
Enfants, nous avons tous été soumis au choix suivant : "Soit je perds le lien avec toi (proches et surtout parents) ou du moins la sensation de lien, soit je dois me séparer de certaines parties de moi : créativité, expressivité, joie, curiosité,..." Nous choisissons, le plus souvent, la deuxième option et nous congelons alors certaines parties de nous. En effet, enfants, le lien est la chose la plus importante à nos yeux : nous avons besoin des autres pour vivre, notamment de nos parents pour nous nourrir. Ce processus est universel, que nous grandissions dans des pays en guerre, dans un environnement difficile ou rempli d'amour. Ces parties congelées sont également appelées blessures.
Par exemple, j'ai 6 ans et je fouille dans les placards de maman afin de trouver « un trésor » enfoui par des pirates. Maman rentre d’une journée de travail et voit les tiroirs en grand désordre. Intérieurement, elle s’énerve et je sens intuitivement que quelque chose ne va pas. Pour garder le lien ou du moins la sensation de lien avec Maman, je décide de congeler une partie de mon imagination. A chaque fois qu'une expérience similaire se produira, je me séparerai un peu plus de mon imagination.
Nous portons en nous le souvenir de la plénitude et de l'entièreté originelle. Nous recherchons inconsciemment une personne qui va pouvoir combler nos besoins, guérir nos blessures d'enfance et donc nous décongeler là où nous le sommes.
Nous sommes inconsciemment attirés(es) par une personne ayant des parties décongelées alors qu'elles sont gelées chez nous et inversement. Nous recherchons chez l'autre les qualités que nous avons perdues. Ensemble, nous sommes entiers avec toutes les qualités.
Par exemple, Nicolas, enfant, a du apprendre à réprimer ses émotions pour garder le lien ou l'impression de lien avec son père. Il a été attiré par Claire qui exprime, elle, facilement ses émotions.
L'Imago et la corrélation entre nos parties congelées expliquent notre attirance pour notre partenaire. Néanmoins, les hormones jouent un rôle non-négligeable dans cet attrait.
LES HORMONES, ET OUI QUAND MÊME !
L'état amoureux est généré par la production de diverses substances que notre corps sécrète. Cette phase appelée romantique permet aux partenaires de tisser les premiers liens dans un climat de sécurité et de confiance. Elle dure environ 18 mois, temps nécessaire pour permettre à un couple de mettre en route un projet de vie, emménager ensemble, se marier, prévoir un enfant, ...
Dès la première rencontre, notre corps et celui de notre partenaire s'échangent des milliers d’informations composées notamment de phéromones. Ces derniers s’échappent du corps pour atteindre l’organe voméronasal de notre alter ego. Cette glande logée sous le nez est directement reliée au cerveau reptilien, cerveau le plus archaïque que nous possédons. Ces phéromones participent aux phénomènes de l'attirance et de la création de liens sociaux.
Durant la rencontre amoureuse, notre corps produit de nombreuses substances comme :
- l'adrénaline, hormone du stress, qui active nos fonctions cérébrales et nous donne une grande énergie. Elle est activée par le contact ou le manque de l'autre et joue un rôle dans la création du lien de dépendance.
- la phényléthylamine qui est produite au cœur du système limbique, siège de l’affectif. Cette amphétamine naturelle est addictive et son effet disparait très vite. Elle est à l’origine de l’euphorie que nous pouvons ressentir quand nous tombons amoureux(se). Elle est à l'origine de la création du lien de dépendance.
- l'ocytocine qui est sécrétée au moment de la création du lien affectif et au cours des rapports sexuels. Cette hormone crée un état de confiance en soi, de bien-être et d'attachement.
- la dopamine, hormone du plaisir.
- la sérotonine, hormone de la régulation de l'humeur.
Toutes ces substances jouent un rôle important dans le choix de notre partenaire, et pourtant nous n'en avons pas conscience !
Nous sommes attirés par notre partenaire le plus souvent pour des raisons qui nous sont inconscientes : notre imago, notre congélateur mais également les hormones sans lesquelles la phase romantique n'existerait pas.
Florentine explique dans son livre que « l’amour nous rend visionnaires » : lorsque nous nous amourachons de l'autre, nous voyons l’autre dans son entièreté sans faire de différence entre les parties présentes et congelées.
Une fois la phase romantique passée, les différences apparaissent, donnant envie à certains de faire changer son partenaire.
Et si nous mettions de la conscience sur notre relation pour aimer ces différences, faire de ces dissemblances et de nos disputes une possibilité de croissance pour notre couple et pour nous-même ?
OUVRAGES RECOMMANDÉS
Les clés de l'intelligence amoureuse, Florentine d'Aulnois Wang.
Le Couple Mode D'emploi, Harville Hendrix.