La "crise de la quarantaine" ça vous parle ? Pour beaucoup, cette crise également appelée "crise du milieu de vie" ou ,en anglais "midlife crisis", est vue comme une réalité. Et si elle n'avait finalement aucune existence réelle et qu'elle n'était qu'un mythe ? Partons à l'exploration !
LA CRÉATION DU MYTHE DE LA CRISE DU MILIEU DE VIE
La première mention de « crise du milieu de vie » date de 1965, dans un article du psychologue canadien, Elliot Jacques, dans l’International Journal of Psycho-Analysis.
Deux chercheurs américains, le Professeur Daniel Levinson de l’université de Yale et le psychiatre Roger Gould de l’université UCLA de Los Angeles reprennent cette expression par la suite. A 46 et 40 ans respectivement, ces deux hommes ressentaient une inquiétude, une confusion voire même une désillusion sur le sens de leur vie. Comme ils étaient chercheurs, ils ont souhaité savoir si ce phénomène était universel. Ils mirent alors en place des protocoles d’étude pour explorer la vie des hommes entre 35 et 45 ans.
Selon eux, la crise du milieu de la vie serait une crise psychologique et existentielle qui serait issue de la prise de conscience de sa mortalité, une fois passé l’âge de 40-50 ans. La personne sentirait alors un sentiment d’urgence et de confusion, voire parfois de panique, face au temps qui passe.
Plus tard, Gail Sheehy, journaliste, les interviewa. Elle décida d’aller plus loin et publia un livre qui deviendra un best-seller : Passages : Predictable Crises of Adult Life. Selon elle, 80% des 40-55 ans seraient supposés vivre un état de crise bouleversant leurs vies.
La publication de ce livre a permis l’entrée dans la psychologie populaire de cette notion. En 1994, 86% des jeunes adultes anglo-saxons voyaient cette crise de la quarantaine comme une réalité.
REMISE EN QUESTION DU MYTHE DE LA CRISE DU MILIEU DE VIE
Ce concept a commencé à être remis en question dans les années 1990 par le Docteur George Vaillant, psychiatre et ancien professeur à Harvard. Pour lui, cette crise n’est pas uniquement liée à l’âge.
A travers de nombreuses recherches, il montre que cette crise provient d’événements difficiles de la vie (deuil divorce, dépression…) survenant au cours du milieu de la vie et non à cause du milieu de la vie.
Elaine Wethington, sociologue à l’université Cornell, rejoint George Vaillant sur ce point : la crise du milieu de vie n’a aucun rapport avec l’âge. Selon elle, cette crise correspond à ce qui peut arriver de négatif à un moment donné de la vie d’adulte.
En février 1999 fut publiée la plus grande étude réalisée sur ce sujet : la MacArthur Foundation Research Network on Successful Midlife Development. Elle a été réalisée sur une période de 10 ans aux Etats-Unis et portait sur 8000 personnes de 25 et 74 ans. Cette étude montre qu’en réalité cette « crise de milieu de vie » ne touche que 8% de la population. De plus, elle explique également qu’elle n’est pas en relation directe avec le fait d’atteindre un âge compris entre 40 et 55 ans.
Au final, selon les dernières recherches, la crise du milieu de vie ne correspond à rien de concret. Comme l'explique Susan Krauss Whitbourne, professeure à l’université du Massachusetts à Amherst : « Un événement difficile ou douloureux identique survenant à 20 ans, à 30 ans ou à 70 ans est susceptible de générer une même situation de crise. ».
Les mythes ont la vie longue ! :-)
OUVRAGE RECOMMANDÉ
"Maintenant ou jamais !" du Docteur Christophe Fauré
