« Il fait froid, prends une écharpe », « tu devrais le savoir quand même ! » ça vous rappelle quelque chose ? Nous avons tous dit un jour à notre partenaire une phrase de ce genre. Elles indiquent la présence d’une symbiose ou fusion. Mais cela signifie-t-il qu’on est tous symbiotiques ? Oui, à plus ou moins grande échelle ! Je vous en dis plus dans cet article grâce à la thérapie relationnelle Imago.
ORIGINE DE LA SYMBIOSE
La symbiose prend naissance in utero, moment où tous nos besoins sont satisfaits sans rien devoir faire pour cela.
Durant la grossesse et ensuite pendant les quatre premiers mois de notre vie, le corps de notre mère va produire des hormones lui donnant le besoin physique de s’occuper de nous. Bébé, nous n’avons pas encore la permanence de l’objet alors quand notre mère n’est pas visible cela signifier qu’elle n’existe pas. Autrement dit, elle ne peut, pour nous à cet âge là, avoir une vie qu’à travers nous et avec nous.
Après quelques mois, des déconnexions commencent à se faire. Quand une déconnexion surgit, nous nous sentons blessés et avons envie de ressentir à nouveau le lien. Nous devenons autocentrés et nous perdons la notion de l’autre : nous pleurons et crions et ainsi nous obligeons les personnes qui prennent soin de nous à assouvir nos besoins et attentes. Cette symbiose est donc en lien avec notre instinct de survie.
SYMBIOSE & LUTTE DE POUVOIR
En couple, il est courant que nous reproduisions ce système lorsque nous sommes blessés et devenons alors auto-centrés : « Si je te fais suffisamment mal ou te rends la vie impossible avec mes mots ou mes cris, tu répondras à mes besoins et tu m’aimeras de la manière dont je veux que tu m’aimes. » Coupés de notre empathie, nous ne ressentons pas ce que notre partenaire ressent. Nous plaquons alors sur lui notre réalité et le voyons désormais comme un objet et non plus comme une personne à part entière.
L’autre est alors vu comme une source de soin et de souffrance en même temps.
Source de soin lorsque nous le considérons comme ne faisant qu’un avec nous et devant répondre à tous nos besoins. Nous sommes alors auto-centrés, pensant inconsciemment être le centre du monde et que l’autre existe uniquement pour être en lien avec nous.
Source de souffrance parce qu’il est différent de nous, qu’il ne répond pas pleinement à nos besoins et qu’il ne nous aime et accepte pas pleinement pour qui nous sommes. Nous voyons alors notre partenaire au travers de nos besoins et de cette douleur ressentie. Il n’est alors pas nous. Ainsi, nous pouvons lui faire mal pour satisfaire nos besoins et arrêter de souffrir. Le voir comme un ennemi, comme autre que nous nous permet de lui faire mal sans souffrir.
Que l’autre soit vu comme une source de soin ou de souffrance, l’idée derrière est la suivante : « toi et moi ne faisons qu’un et je suis le un ». Inconsciemment, nous pensons que l’autre ressent ce que nous ressentons, qu’il pense ce que nous pensons et vit les choses comme nous les vivons. Derrière cette pensée, nous avons la croyance que s’il ne le fait pas il devrait le faire. Notre réalité est alors la sienne. Les différences sont vécues comme une menace à l’amour et à la connexion. Nous ne sommes alors pas dans une différenciation où l’autre est différent de nous, mais dans une symbiose émotionnelle. Cette symbiose alimente la lutte de pouvoir.
LES CROYANCES EN LIEN AVEC LA SYMBIOSE
Enfant, quand nous sommes blessés, nous nous auto-centrons et développons des croyances symbiotiques. Adultes, nous allons les projeter notamment sur notre partenaire car ce dernier ressemble à notre Imago (Réf : Article "Notre partenaire, un choix inconscient.")
En lien avec la symbiose mère-bébé des quatre premiers mois et avec le fait qu'enfant, nos parents étaient responsables de notre survie, certains d’entre nous attendent de leur partenaire qu’il réponde à leurs besoins. Ils ont alors la croyance que ce dernier :
- a un pouvoir sur leur bien-être intérieur. Ils projettent sur leur partenaire le fait qu’enfant, leur vécu et bien-être étaient fortement liés à leurs parents.
- n’existe que pour eux. Il leur est difficile d’imaginer qu’il ait une vie autre qu’avec eux.
- n'a qu'eux comme seul et unique intérêt
- leur a fait comprendre ou a promis indirectement qu’il répondrait à leurs besoins. L’idée étant que nous nous avons un souvenir inconscient de la complétude vécue in-utero où nos besoins étaient automatiquement satisfaits. Dans la période romantique grâce aux hormones et à l’hypophyse gelée, nous faisons à nouveau cette expérience. Néanmoins, la prise de conscience que personne ne peut répondre à tous nos besoins signe le passage entre la période romantique et la lutte de pouvoir.
Une autre croyance est la fusion avec notre partenaire : notre expérience est également la sienne et que nous savons mieux que lui ce qu’il veut.
Nous avons tous des croyances symbiotiques. Pour certains, elles sont très prégnantes dans leur vie de couple. Il est important de les conscientiser pour prendre ses responsabilités, limiter les frustrations et, ainsi, la lutte de pouvoir.